Lorsque j’ ai découvert le Noma en 2012, je me suis aperçue que les associations qui oeuvraient pour aider les personnes atteintes mettaient sur leurs sites en ligne des images souvent en couleur et qui ne ménageaient pas vraiment le lecteur devant cette maladie encore tabou en Europe.
Donner une visibilité à ce qu' il est difficile d’ affronter visuellement et faire connaître le Noma au plus grand nombre. Sensibiliser les populations locales pour améliorer la prévention et favoriser une prise en charge qui serait plus efficace pour les petites victimes.
Voilà quelle est mon intention.

Le Noma touche en majorité les enfants de 0 à 6 ans, et les conséquences sont irrémédiables.

Effacés. Les gens que je photographie le sont à plusieurs niveaux : ils sont placés au dernier rang de leur société, et bien souvent malgré eux. Effacés aussi car la maladie dévore leur visage. Noma vient du grec numein : dévorer.
Ils sont nés pauvres et ne sont souvent pas épargnés des mauvaises conditions de vie qui en découlent.
Ils sont donc plus fragiles et vulnérables devant toutes sortes d’ infections.

Le Noma a cela d’ effrayant : quelques heures après l’ inflammation qui gangrène de manière foudroyante et qui débute par la bouche, il est déjà trop tard ! Il détruit à la fois les tissus mous et osseux du visage.
Le Noma ne prévient pas.

Il n’ est pas encore assez connu, et particulièrement des populations qui en sont les premières victimes : les villages reculés du Monde, où la pauvreté et la malnutrition sévères sont les caractéristiques idéales de contraction de cette horreur.

Mon travail en Ethiopie...

De mars à mai 2013, j' ai suivi l' association humanitaire « Project Harar » en Ethiopie.
Son action consiste à soigner des personnes atteintes de malformations au visage souvent dues à des maladies, dont le Noma.

Peu connu en Occident, le Noma, lié à la pauvreté et à la malnutrition, sévit dans les zones les plus pauvres du monde.
Chaque jour environ 400 enfants (de 0 à 6 ans) sont touchés par cette maladie qui dévore leurs visages.
Le Noma nécessite une prise en charge dès les premiers symptômes sans quoi il risque d' entraîner la mort pour 80 % des victimes. Les 20% restantes vivent avec un visage meurtri et un traumatisme important.

Sur ce constat, j' ai décidé d' aller à la rencontre des malades et de rendre compte de toute l' importance que revêt la mission humanitaire pour ces gens qui, dans un contexte socio-culturel très défavorisé, ont la possibilité de voir se dessiner un autre destin que celui qui leur est tracé à cause de leurs maladies.
De plus, Je témoigne aussi de leur courage de faire face, et je mets en lumière l' engagement des médecins au travers de l' action chirurgicale et réparatrice dans les salles d'opération.

Il n' est pas question ici de chirurgie esthétique.
Comme on me l' a confié : " c' est déjà tellement bien de se retrouver avec quelque chose qui ressemble presque à un nez, de pouvoir desserrer les dents, ouvrir un peu la bouche...que malheureusement, ils ne sont pas toujours au rendez-vous de la prochaine mission quelques mois plus tard".
Ils pourront néanmoins, pour la plupart d' entre eux, retourner dans leurs villages avec de nouvelles perspectives de vie car enfin un autre regard sera porté sur eux.

Les personnes photographiées dans cette série sont soit des miraculées du noma, soit atteintes d' autres maladies faciales.
Mylène Zizzo
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From March to May 2013, I have been following the humanitarian association « Harar  Project» all over Ethiopia.
Its action aims at healing people who are suffering from facial malformations, due to diseases, and especially one of them, called « Noma ».

Little-known in the Western world, Noma is tied to poverty and malnutrition. It rages over the poorest parts of the world.
Everyday, about 1,400 children (from age 0 to 6) are contaminated by this disease that devours their face.
Noma does need to be taken care of as the earliest symptoms appear. Otherwise, the disease will cause the death of 80% of its victims. The remaining 20% will keep a bruised face and a strong trauma.

On the basis of that knowledge, I decided to reach out to these people, and show through my pictures how much the humanitarian mission is important to them. In such a context of poverty, as well as social and cultural deprivation, these people are being offered the possibility of another destiny than the one their illnesses and psychological or physical handicaps were drawing them to.
In my pictures, I am also showing the courage of these people and put the spotlight on their doctors' commitment while performing repairing surgical procedures, in the operating block.

In this case, it is absolutely not a matter of aesthetic surgery.

As I have been told: " It is so good to find themselves back again with something that resembles a nose, and be able to unclench their teeth, and open their mouth a little bit... that many times, the victims do not come back to see the doctors, when the following humanitarian mission comes, a few months later. ».
Nevertheless, most of them will be able to get back to their hometown, with new perspectives, as, eventually, people are looking at them differently.

The people photographed in this series are, either miraculously cured from Noma, or affected by other facial diseases.
Mylène Zizzo